
Nouveautés · 4 min
Santé environnementale : comprendre les liens entre environnement et santé humaine
Publié le 16 juin 2025
La santé environnementale est un sujet de plus en plus central dans le débat public, notamment face à l’accélération du changement climatique, à la perte de biodiversité et à l’augmentation de la pollution sous toutes ses formes. Pourtant, derrière ce concept se cache une réalité concrète et urgente : la qualité de notre environnement détermine directement notre état de santé, physique comme mental. Il ne s'agit pas seulement de l’air que nous respirons ou de l’eau que nous buvons, mais de l’ensemble des interactions entre notre cadre de vie, nos modes de consommation, nos choix collectifs et individuels, et leur impact sur notre organisme.
Dans cet article, nous allons explorer les contours de la santé environnementale, analyser les principaux facteurs qui la menacent, et comprendre comment nous pouvons agir, à toutes les échelles, pour mieux la protéger.
Définir la santé environnementale
Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la santé environnementale comprend tous les aspects de la santé humaine influencés par des facteurs environnementaux physiques, chimiques, biologiques, sociaux et psychosociaux. Elle recouvre à la fois la prévention des maladies causées par l’environnement et la promotion d’un cadre de vie favorable au bien-être. Cette approche holistique repose sur une idée simple mais puissante : pour rester en bonne santé, nous avons besoin d’un environnement sain. Cela inclut l’air que nous respirons, l’eau que nous buvons, les aliments que nous consommons, mais aussi les lieux où nous vivons, travaillons et interagissons.
Pourquoi la santé environnementale est-elle un enjeu majeur ?
Aujourd’hui, près d’un quart des décès dans le monde est attribué à des causes environnementales évitables. Ce chiffre, rapporté par l’OMS, illustre l’ampleur des impacts du cadre de vie sur notre santé. Parmi les grandes causes figurent la pollution de l’air, l’exposition à des substances toxiques, l’insalubrité des logements ou encore l’absence d’accès à une eau potable de qualité. Ces risques ne touchent pas tous les individus de manière égale. Les enfants, les personnes âgées, les femmes enceintes et les populations socialement défavorisées sont les plus vulnérables. L'injustice environnementale est donc également une injustice sociale : les personnes vivant dans des quartiers défavorisés, proches d'industries polluantes ou de routes très fréquentées, sont souvent plus exposées aux nuisances environnementales.
Les grands déterminants de la santé environnementale
La pollution de l’air est aujourd’hui l’un des facteurs environnementaux les plus nocifs pour la santé humaine. Les particules fines, notamment les PM2.5, pénètrent profondément dans les poumons et dans le sang, provoquant des maladies respiratoires, des troubles cardiovasculaires, et favorisant l’apparition de cancers. Les principales sources de pollution de l’air sont les transports routiers, l’industrie, l’agriculture intensive et les systèmes de chauffage domestiques utilisant des combustibles fossiles.
L’accès à l’eau potable et à des systèmes d’assainissement efficaces est également essentiel à la santé. Dans les régions où ces infrastructures sont défaillantes, les maladies d’origine hydrique comme le choléra, la typhoïde ou les parasitoses intestinales restent fréquentes et parfois mortelles, en particulier pour les enfants. Ces pathologies sont évitables par des investissements en infrastructures, en prévention et en éducation sanitaire.
Le changement climatique, quant à lui, agit comme un multiplicateur de risques. Il augmente la fréquence des canicules, intensifie les phénomènes météorologiques extrêmes, modifie la répartition des maladies vectorielles comme le paludisme ou la dengue, et perturbe les systèmes agricoles. Cette instabilité a des effets directs sur la santé physique, mais aussi psychologique, en provoquant du stress, de l’angoisse, voire des troubles mentaux durables.
L’exposition aux substances chimiques est un autre volet critique de la santé environnementale. Dans notre quotidien, nous sommes en contact avec de nombreux produits qui contiennent des perturbateurs endocriniens, des métaux lourds ou des solvants toxiques. Ces substances, souvent invisibles, peuvent avoir des effets délétères à long terme sur le système immunitaire, la fertilité, le développement cérébral chez l’enfant, ou encore sur le risque de certains cancers.
Enfin, notre habitat joue un rôle fondamental. La qualité de l’air intérieur, l’isolation thermique, l’exposition au bruit ou à la lumière artificielle sont autant de facteurs qui influencent notre santé. Vivre dans un logement mal ventilé, humide, ou contenant des matériaux toxiques comme l’amiante ou le formaldéhyde peut entraîner des troubles respiratoires chroniques, de la fatigue, voire des troubles cognitifs.
Des effets visibles et invisibles sur la santé
Les effets de la dégradation de l’environnement sur la santé peuvent être immédiats ou se manifester de manière insidieuse et différée. À court terme, la pollution peut entraîner des irritations, des allergies, des infections respiratoires ou gastro-intestinales. Les pics de pollution de l’air en ville, par exemple, provoquent chaque année une augmentation des hospitalisations et des passages aux urgences.
À plus long terme, les conséquences sont souvent plus graves et durables. L’exposition chronique à la pollution atmosphérique ou aux produits chimiques peut favoriser l’apparition de maladies cardiovasculaires, de cancers, de troubles neurologiques ou de pathologies auto-immunes. Chez les enfants, les effets peuvent être particulièrement sévères, car leur organisme est en développement : retards cognitifs, troubles de l’apprentissage ou de l’attention, asthme sévère sont aujourd’hui bien documentés.
Santé environnementale et santé mentale : l’émergence de l’éco-anxiété
Un phénomène encore peu pris en compte mais de plus en plus reconnu est celui de l’éco-anxiété. Cette détresse psychologique, liée à la perception du dérèglement environnemental, touche en particulier les jeunes générations. Face à l’ampleur des menaces écologiques, à l’inaction perçue des gouvernements et à la difficulté d’agir à son échelle, un nombre croissant de personnes ressentent un stress chronique, un sentiment d’impuissance, une perte de sens. L’éco-anxiété peut se traduire par des troubles du sommeil, une anxiété généralisée, voire une dépression. Il est essentiel de reconnaître cette souffrance et de l’intégrer à la réflexion sur la santé environnementale globale.
Que peut-on faire pour améliorer la santé environnementale ?
À l’échelle individuelle, chacun peut réduire son exposition aux polluants et améliorer son cadre de vie. Il est recommandé d’aérer régulièrement son logement, de choisir des produits d’entretien et des cosmétiques sans substances toxiques, de consommer des aliments issus de l’agriculture biologique et locale, et d’adopter des comportements plus sobres sur le plan énergétique. Utiliser les transports en commun, faire du vélo ou marcher plutôt que de prendre la voiture contribue également à limiter les émissions polluantes, tout en améliorant sa propre condition physique.
Sur le plan collectif, les pouvoirs publics et les entreprises ont un rôle central à jouer. Cela passe par un renforcement de la réglementation sur les émissions industrielles, la qualité de l’air, ou l’usage des produits chimiques. Les politiques d’urbanisme doivent aussi intégrer les principes de durabilité, en favorisant les transports doux, les espaces verts, la biodiversité urbaine et l’accès à des logements sains. L’éducation à la santé environnementale, dès le plus jeune âge, est également essentielle pour faire émerger une nouvelle culture du soin à l’environnement.
L’entreprise, un acteur clé de la santé environnementale
Les lieux de travail ont un impact important sur la santé environnementale. De nombreuses entreprises prennent conscience de l’importance d’offrir à leurs salariés un environnement de travail sain, lumineux, ventilé et silencieux. Intégrer la santé environnementale dans la politique RSE d’une organisation, c’est à la fois préserver la santé des collaborateurs, renforcer la cohésion interne, et agir concrètement pour la planète. Cela peut passer par la mise en place de plans de mobilité durable, de programmes de sensibilisation, de diagnostics énergétiques, ou encore de partenariats avec des acteurs comme ENERGIC, qui proposent des dispositifs de mobilisation collective autour des enjeux écologiques.
One Health : une approche globale et intégrée
Le concept de "One Health", ou "une seule santé", propose une vision intégrée de la santé humaine, animale et environnementale. Cette approche systémique, adoptée par de nombreuses institutions internationales, souligne l’interdépendance entre la santé des écosystèmes et celle des êtres humains. La déforestation, l’élevage intensif, ou le trafic d’espèces sauvages sont autant de facteurs qui favorisent l’émergence de nouvelles maladies infectieuses. La crise du Covid-19 a rappelé de manière brutale l’importance d’une gestion intégrée des risques sanitaires.
Protéger l’environnement n’est pas seulement un acte militant ou une exigence morale : c’est une condition de notre survie et de notre bien-être. La santé environnementale est une discipline transversale, à la croisée de la médecine, de l’écologie, du droit, de l’aménagement du territoire et de l’économie. Elle nous invite à repenser notre rapport au vivant, à faire évoluer nos modes de production et de consommation, et à mettre la santé publique au cœur des politiques environnementales.